Nous vivons une époque contradictoire et effrayante.
D’un coté, les avancées technologiques sont d’un tel essor que nous pouvons communiquer partout dans le monde avec plus de facilité et de rapidité.
D’un autre coté, nous assistons à une épidémie infantile effrayante où le cerveau de nos enfants ne fonctionne pas à son potentiel. Cela se traduit par des neurones qui communiquent moins bien entre eux.
Tous les jours, des milliers d’enfants sont diagnostiqués de TDAH, trouble du spectre d’autisme, trouble bipolaire, syndrome de Gilles de la Tourette, trouble obsessionnel compulsif (TOC), anxiété, dyslexie et autres. Un enfant peut ne pas être diagnostiqué mais présenter, à moindre degré, des troubles d’apprentissage et de comportement divers.
C’est un phénomène sans précédent et un problème de santé majeur et universel.
Hausse Fulgurante des Troubles Neurologiques
Dans les années 70, l’autisme était diagnostiqué chez 1 enfant sur 10 000 aux Etats Unis. En 2007 aux Etats Unis, un enfant sur 150 était autiste. Aujourd’hui, 1 enfant sur 59 est autiste. Ce trouble touche quatre fois plus les garçons que les filles.
En France, un enfant sur 100 est touché par les troubles du spectre autistique. Les troubles de l’humeur et les troubles anxieux touchent respectivement 13% et 21% de la population.
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans ou TDAH a été multiplié par dix sur une génération. Les experts prévoient une augmentation de 15 à 25 % chaque année.
Un enfant sur cinq présente un trouble d’apprentissage ; la dyslexie étant la plus courante.
Une étude menée au Danemark met en évidence que les autres trouble du comportement, tel que le trouble obsessionnel compulsif et le syndrome de Tourette, augmentent approximativement au même rythme que l’autisme.
Pourquoi une Telle Hausse ?
Certains experts expliquent cette hausse par le fait que les outils de diagnostic se sont améliorés et sont utilisés sur des enfants plus jeunes qu’auparavant. D’autres ajoutent à cela que le diagnostic du TSA (trouble du spectre autistique) est plus étendu qu’auparavant et inclut en autres le syndrome d’Asperger.
Ces explications sont à prendre en considération mais ce ne sont pas les seules. Au mieux, selon des études menées à l’université de Yale, 44 pour cent de l’augmentation de ces troubles pourraient être liés à un meilleur diagnostic plus précoce. Il reste 46 pour cent de hausse non explicable pour les scientifiques, et 46 pour cent est énorme.
D’autre part, ces mêmes outils de diagnostic ont été utilisés sur une période de 10 ans et les augmentations ont été aussi spectaculaires. En 2007 aux Etats Unis nous sommes passés d’un enfant sur 150 autistes à 1 enfant sur 59 aujourd’hui.
Selon plusieurs experts, une telle hausse ce qualifie d’épidémie.
La Génétique Peut-Elle Tout Expliquer?
D’autres experts proposent que ces troubles neurologiques, l’autisme en particulier, sont purement et simplement génétiques. Cette explication n’est pas plausible. Si vous demandez à n’importe quel scientifique, il vous confirmera que des troubles génétiques ne peuvent exploser avec une telle ampleur en si peu de temps. Selon le Doctor David Traver « les gènes ne créent pas d’épidémie. »
Plusieurs études faites avec des jumeaux ont éradiqué la thèse génétique. Le fait que des jumeaux identiques ne soient pas toujours tous les deux atteints d’autisme nous démontre bien que les gènes ne sont pas seuls en cause. En effet, des jumeaux identiques, contrairement aux jumeaux fraternels, partagent les mêmes gènes.
Une explication qui semble faire l’unanimité chez beaucoup d’experts est que ces troubles d’ordre neurologique existent, certes, dans un terrain génétique mais que ce serait les facteurs environnementaux qui vont ou non déclencher la manifestation de ce dysfonctionnement. En d’autres termes, c’est notre mode de vie qui est en cause.
L’Environment Influence L’Expression des Gènes
Les gènes jouent un rôle certain, mais c’est l’environnent qui va ou non favoriser l’expression de ces gènes. C’est ce qu’on appelle l’épigénétique. C’est une découverte scientifique porteuse d’espoir, car cela signifie tout simplement que nous avons le contrôle sur notre santé, et non pas nos gènes.
Nos connaissances en génétique ont beaucoup évolué en un siècle. Il était courant de croire, jusqu’à récemment, que nos gènes nous définissent et dictent nos maladies d’une manière inéluctable et irréversible.
Aujourd’hui, la recherche en épigénétique bouleverse ces croyances. Notre choix de vie à plus de conséquences sur notre santé que notre héritage génétique, (sauf en cas de maladie rare purement génétique). Nous héritons d’un ADN qui ne change pas, mais les gènes de notre ADN seront soit activités soit désactivés par des facteurs environnementaux internes et externes.
Imaginez votre ADN comme un piano, vos gènes, le clavier, et vous, le pianiste. Vous êtes le créateur de votre mélodie. Une fausse touche peut déclencher votre prédisposition à une maladie héréditaire que ce soit cardiovasculaire, diabétique ou mentale.
Extrait du livre Ces glucides qui menacent votre cerveau par le Dr David Perlmutter
« Il n’y a aucune différence entre un dysfonctionnement cérébral et un dysfonctionnement cardiaque. L’un et l’autre se manifestent et évoluent en fonction des comportements et des habitudes de chacun. En effet, une multitude d’études scientifiques montrent que nombre de pathologies qui touchent le cerveau sont étroitement liées aux choix que nous faisons au quotidien. »
La vie moderne offre d’innombrables avantages. Il y a l’amélioration du confort de vie grâce au développement de l’électroménager, de l’automobile, de l’électronique et l’informatique. Nous pouvons communiquer partout dans le monde à la vitesse éclair et voyager au bout du monde en quelques heures. Mais il y aussi le côté sombre :
- L’augmentation des toxines environnementales
- Prescription trop souvent inutiles d’antibiotiques
- Nous avons trop facilement recours aux médicaments pharmaceutiques pour masquer les symptômes de maladies infantiles bénignes.
- La malbouffe, ou ce qui serait plus exact de dire, la nourriture dénaturée
- La hausse des césariennes et des naissances traumatisantes
- Des enfants sédentaires passant plusieurs heures par jour devant l’écran
- Une agriculture intensive qui déminéralise nos sols et appauvris nos aliments en minéraux.
- Déconnection de la nature
- Le stress de la vie moderne. Les parents stressés transmettent involontairement leur stress à leurs enfants
- Les journées surchargées. Nous trouvons de moins en moins le temps pour réellement communiquer avec nos enfants.
- Etc
Une accumulation de facteurs vont favoriser le déclenchement d’un trouble neurologique (ou autre maladie selon notre disposition héréditaire).
Le Cerveau Peut Changer !
La bonne nouvelle ; le cerveau peut s’en remettre ou s’améliorer. La recherche a récemment mise en évidence la neuroplasticité du cerveau. Il n’est pas une boîte figée et dure comme nous le pensions. Bien au contraire, il est modulable et changeable si l’environnement est favorable. Nous pouvons changer notre cerveau, pour le meilleur ou pour le pire.
Il existe des possibilités infinies. Chaque enfant est unique et son parcours le sera également. Il a peut être hérité d’un terrain fragile, comparé à un autre enfant, et il devra faire beaucoup plus d’efforts, mais c’est possible. Ses gènes ne sont pas sa destinée. Le sort de son cerveau de dépend pas de « mauvais » gènes hérités mais d’une multitude de facteurs environnementaux.
Les progrès d’un enfant à l’autre seront différents selon la sévérité des symptômes et de son terrain biologique. Plus tôt les interventions sont faite pour aider l’enfant, plus vite l’enfant progressera et aura une plus grande chance de guérison. Toutefois, même à l’âge adulte, des progrès sont toujours possibles.
Références:
Dr. Robert Melillo (2009) Disconnected Kids: New York, 303 p.
Autism and Developmental Disabiliteis Monitoring (ADDM) Network. Centers for Disease Control and Prevention. cdc.gov/ncbddd/autism/addm.html
Bellinger DC. 2011. A strategy for comparing the contributions of environmental chemicals and other risk factors to children’s neurodevelopment. Environmental Health Perspectives. Dc. 19; epub
Buss C et al. 2012. The role of stress in brain development. The gestational environment’s long-term effects on the brain. Cerebum. April 25
Constantino JN et al. 2010. Sibling recurrence and the genetic epidemiology of autism. American Journal of Psychiatry. Nov.; 167 (11): 1349-56
Julie Mathews (2008) Nourishing Hope for Autism: Healthful Living Media, 218 p.